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dans le textibule

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fûmes

une petite luciole du diable

une ludionne enflammée

a fait son appât apparition

dans ma maison

mes habits mes habitudes mes relations

dans ma vie de courants d’air

depuis malgré les fenêtres ouvertes

son parfum rôde toujours là…

Elle s’accroche à moi

m’empoisonne l’existence

elle me chatouille le pif

m’agace les sens

tournicotine tournicoton

partout je la vois qui danse

dans ses ombres bleues

qui meurent au plafond…


blonde parfois brune

ceinturée d’or et bien roulée

robe blanche courte ou longue

elle joue dans mes mondes

tous ses rôles mondains ou pas

et finit ses nuits

éteinte étreinte auprès du lit

tout chaud d’amour

ou givré d’insomnies

elle finit mes phrases mes gestes

elle me finit petit à petit

mais comment résister à ses tentations

elle est devenue l’héroïne

de mes récréations…

Hypnotisé par ses cheveux d’ange

l’ange bleu

m’embrasse m’embrase ou me les brise

cette garce gitane

me travaille au corps

et travaille de la gorge

elle me souffle sa mélodie du bonheur

sa maladie de cœur

refrain entêtant

tant et si bien qu’à la fin, de l’envoi, en l’air

elle touche et m’étouffe

je souffle j’expire

je siffle j’expectore et pire

j’aspire

à m’en débarrasser

lui rendre le dernier soufflet

avant de l’entendre me dire à la radio

tumeur…


c’est une espionne américaine

maquée à Philip ou Morris

une garce de comptoir

qui pousse le vice

jusqu’à vous traquer dans ses absences

oui souvent les dimanche soir

de tête à tête de fête ou de blues

elle n’est pas au rendez-vous

plus ses bureaux sont fermés

plus on la désire, la réclame, la quête


putain de mes paresses

traînée de mes ivresses

elle traîne chez mes amis aussi

résidences secondaires

de ses méfaits sournois

elle aguiche et fait sa cour

passe de main en main

joue au bouche à bouche

visage éclairé par le feu

un de ses amants est repéré

au fond du jardin d’été

encore un qui avait promis

qu’après celle-là c’était fini

et voilà qu’on t’y reprend !

et toi ?

moi ?…

je reprends et la prends

mais c’est elle qui me tient

je tue le temps avec elle

avant qu’il ne me tue

avec elle on se tutoie

à petits pas vers la mort

à petits feux vers l’amour

la sorcière a ses philtres

c’est pour mieux te manger

de l’intérieur…

A coups de pause café

à coups de bouffées

accoudé au cendrier

j’observe en sa compagnie

le temps qui poisse

enfumé dans mon terrier

je hurle je ourle mes rêves

dans des rondes de fumées

je m’époumone en silence

le goût d’ronds sur les lèvres…

allez, une dernière,

qui va me coucher…

chut de mots

écrire
les mots des autres
à s’en rougir la peau
tout dépend le degré
d’intimité brûlante,
des mots de braises
à glisser dans le cou…
écrits vains ?
des mots papier-peint
décollent les cœurs en chambre,
des mots plein les mains
des latins qui s’affolent…
démon d'écrire
des mots soufflés par la flamme
qui me tend vers l’autre
des mots soufflés comme ces femmes
qu’on a cru, nôtres…
écrire des mots de chansons
pour finir en des bouches
qui répètent à l’unisson
ces mots qui nous touchent…
graver des paroles dans les airs
lancer des disques de poussières
des mots de poètes de la rue
nous racontent nus et crus,
des mots en pieds en vers
en verre à pied à déguster…
des mots sur les murs écrits
voyeurs de nos routines
mais défense d’afficher ses cris
dans les rues grises mines,
des mots bombés sans armes
hurlements de peintures
traversent les temps les silences et les bruits
des mots comme des résumés de vies…
écrire des mots pour sa dernière heure,
écrire des mots pour un seul lecteur…
des mots grands et profonds
vidés comme des poissons
de sang de sens et traductions
des mots passant pour des cons
des mots trop passant dans les télévisions…
écrire des mots même
écrire des mots humides de prisons
la sueur de l’autre comme un poison,
envoyer des mots d’évasion
si larges d’épaules qui passent pas les barreaux
et graver son lit-jumeau
de la haine du jumeau de lit.
écrire des conneries
pour rire des connes des cornes des vacheries,
écrire à ses morts
des lettres restant à poster,
s’écrire entre amis, se jouer des maux,
jouer des mots et décrire des mômes.
écrire
des verbes à ne plus s’appliquer
des noms à ne pas oublier
des adjectifs à s’en tamponner
et des titres à maudire…
des mots à ne plus obéir,
des mots repères sur nos chemins inventés,
s’offrir une pause à nos bégaiements
se payer des mots de hauteurs,
se taxer de droits à l’ouvrir
du noir sur blanc à s’en gaver de couleurs,
écrire
braille aux bibliothèques
les mots des moqueurs des mots de cœurs…
écrire cent lignes à ses maîtresses
plus une seule à sa femme.
écrire des mots pour le son
des notes à la portée d’une langue
seule,
écrire ceux qui porteront de ma gueule
à ta langue
ces fracas jamais chuchotés
patins roulés sur papier velours
oui t’écrire : entre dans ton journal
entre intime que je te dicte !…
écrire les mots
pour dire sans bruit
le précieux précis qu’on oublie
et les mots d’ordre que l’on fuit,
écrire les mots de ceux qu’on n’écrit pas
et n’en pas faire motion,
s’écrire s’inscrire entre pleurs et rires
les mots sont liés l'émotion filet
les mots sont liaisons
sont garde-fous pour tous nos grains
que nous secouons à tue-tête
tes grains de folie dansent dans ma case de vide
tes grains de peau font sens dans ma cafetière
et je mouline et tu mâchonnes
ma petite mine que tu crayonnes
les mots sont liés
les mots sont prisons
sont roman fleuve
que nous asséchons débordons
la bouche sèche la bouche crue
sur nos lèvres nous ne lirons plus ?

Bonimenteur

Qu’êtes-vous venu faire jusqu’ici ? mais qu‘est-ce que vous faites là !?
venez mesdames et messieurs, approchez, Hommes, et vous verrez comme nous comme nous sommes proches ! mesdames et messieurs nous nous connaissons
mesdames et messieurs les enfants oui vous les grands enfants je m’adresse à vous, Grands de ce monde qui à force de travail et d’obligations, ne prenez plus le temps même celui de vous arrêter
venez, vous qui à force de forcer vous n’êtes que fatigués
je vous connais
mieux que vous-même, oui c’est prétentieux
je sais tant de vous qui rangez faites l’ordre dans vos micros, micro-sociétés et foyers
j’étais comme vous
entre nous j’étais un d’entre vous
vous qui rangez depuis longtemps vos rêves et questionnements de côté pour mieux vous plonger dans le monde commun des autres
ce monde si commun des établissements, de l’Établissement de l’establishment
vous tous, étrangers, comme moi, je m’adresse à vous qui rongez votre frein à deux mains et rangez à demain vos évasions et vos devenirs sous prétexte de vous les payer un peu, un peu plus tard
allez ! si le cœur vous en dit si la peur vous en rit, approchez !
vous grands et déjà, si tôt vieux enfants
qui diabolisez la paresse et pestez contre l’ennui le gris et les ennuis
et déjà qui ragez contre ces nuits où vous ne rêvez plus que de sommeil
j’étais comme vous
à qui on a fait le coup du père Noël
aujourd’hui moi je vous apporte un cadeau, un vrai présent dans tous les sens du terme, moi je vous donne un présent vrai dans toute l’essence du terme
oui c’est prétentieux n’est-ce pas
et pourtant je vous invite mesdames et messieurs, dès maintenant franchissons ensemble la frontière de l’inconnu
je dis mes dames je dis mes-sieurs je dis pourquoi pas mes enfants et cependant vous ne m’appartenez pas, n’est-ce pas, non mesdames et messieurs les enfants grands je le dis vous vous appartenez
oui et vous choisissez dès à présent de penser, de penser ce que vous voulez, de penser librement
à qui ? à quoi ?
à vous ! et libre !
libre d’aimer de rêver de construire de raser le rasoir de traverser ce rideau
pour en voir plus en savoir plus
sur qui ? sur quoi ?
sur vous, tout simplement, profondément aussi
aussi libre à vous de faire un pas de plus vers la connaissance intime universelle
En vérité vous allez me haïr en me disant merci
vous détesterez vous faire du bien en dégustant goulûment ce que je vous offre derrière ce rideau
croyez-moi
je ne suis rien d’autre qu’un de vos anciens compagnons compatriotes comptables ou cons tout court con qu’on a comme vous ballotté ignoré
un enfant de vieux à qui on a menti pour mieux l’emballer d’uniformes
venez et vous verrez, vous verrez bien, vous verrez mieux
certains d’entre vous diront que je suis un diable d’homme, car vous aurez peur, sans doute !
mais c’est main dans la main que je vous propose tout, ce tout que tout le monde tout notre monde suppose prédispose et cependant n’ose
amis humains venez avec moi un instant,
et pendant cet unique instant : soyons, insouciants confiants béats à s’en exploser le sourire
et sortons de nos chairs râpées d’habitudes et de responsabilités
amis, d’enfance, je vous invite vous accompagne vous raccompagne vers vous-mêmes !
nous qui invoquons le destin
appelons Dieu
guettons les trouvailles de la science
vous comme moi désirons enfin sans fin palper le bonheur le retenir, donner son sens ses sens à ce qui n’est trop souvent qu’un mot
entendez-moi j’ai trouvé la vérité sur mon bonheur, oui je sais ce qu’il est , et oui c’est prétentieux n’est-ce pas
venez je vous offre une minute d’éternité dans votre si courte vie
avant de médire vérifiez mes dires, prouvez-les, éprouvez-les
traversez l’envers du décor, là-bas il faut le croire pour le voir
passé ce rideau nous serons déjà à la moitié du chemin
rendez-vous compte, un simple morceau de tissu noir
le noir de l’univers grandiose, noir de nos nuits pleines de désirs aux chairs absentes, ténébreuses nuits aux peurs enfantines solubles dans les peurs des autres
mais noir aussi comme le repos des paupières closes lorsqu’on prend un second souffle bien mérité
mesdames et messieurs il suffit de tirer le voile
petits et grands rejoignez-moi
petits en grands rejoignez-vous
n’avez-vous pas envie de savoir ce que vous faites là ?

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